PODCAST | Bénédicte Prot avec Serge Toubiana, président d’Unifrance et intervenant dans le documentaire sur Marco Ferreri.
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À l’occasion de la 10e édition du Festival De Rome à Paris, assorti de rencontres industries qui continuent de nourrir le lien historique entre les deux pays, Serge Toubiana, président d’Unifrance et ancien directeur de la rédaction des Cahiers du Cinéma comme de la Cinémathèque, nous parle des liens profonds entre le cinéma italien et le cinéma français (et d’un “pays imaginaire qui s’appellerait ‘France-Italie’”) ; de l’âge d’or du cinéma transalpin ; de la faconde, du sens du récit et de l’intervention politique qui ont fait sa grandeur et participé de son impact immense, ici et dans le monde entier ; d’un présent un peu plus difficile aussi et d’une certaine perte de sa mémoire. Le critique évoque ensuite le personnage de Marco Ferreri, figure pivot du festival à travers la projection du documentaire La Folie lucide de Marco Ferreri d’Anselma Dell’Olio, auquel Toubiana a participé. Le cinéaste provocateur propose pour lui, avec une poésie rare, une réflexion sur l’Homme, son rapport biologique à lui-même, la solitude, le langage, le corps, la naissance, le rapport homme/femme et la Femme avec un grand F qui reste importante et tout à fait singulière à ce jour.
La Folie lucide de Marco Ferreri: le documentaire La Folie lucide de Marco Ferreri d’Anselma Dell’Olio, qui réunit les témoignages non seulement de Serge Toubiana, mais aussi d’Isabelle Huppert, Hanna Schygulla, Ornella Muti, Roberto Benigni (que Ferreri a dirigé tout jeune dans Pipicacadodo)…, revient sur ce personnage de cinéaste unique en son genre, “le contraire du maestro italien”, un “anarchiste de la haute bourgeoisie” (Philippe Sarde) qui voulait faire vétérinaire puis s’est tourné vers les hommes, qui fit venir cent chevaux et autant d’indiens dans le trou des Halles de Paris (avant la construction du Forum) parce que l’image de cette réunion lui avait plu, qui fit terriblement scandale à Cannes avec La Grande Bouffe et inventa en réponse le terme de “cinéma physiologique”. Tout en parcourant la filmographie du cinéaste reconnaissable par son ventre, sa barbe et sa “nonchalance artistique” (Toubiana), La Folie lucide de Marco Ferreri dépeint aussi son rapport avec ses acteurs (Tognazzi, Mastroianni, etc., des amants réguliers, presque tous réunis dans La Grande Bouffe, qu’il laissait “libres dans une cage”, dit Sergio Castellito) mais aussi ses comédiennes, dont Ferreri voulait qu’elles ne soient “pas des actrices, mais des oracles”.