Gianluca Matarrese revient au Festival de Venise avec “Il Quieto Vivere“, son nouveau film, une plongée intime dans une saga familiale empreinte de violence, de théâtre et de dramatisation, tout en brouillant la frontière entre réalité et fiction. On en parlé aux micros de Fred radio de cet étrange mixture de genres cinématographique, sur une guerre familiale dont le titre anglais rend parfaitement le sens: “I Want Her Dead”.
Un film qui défie les classifications traditionnelles
Gianluca Matarrese explique que “Il Quieto Vivere” ne se laisse pas facilement enfermer dans une seule catégorie. Entre documentaire, narration théâtrale et cinéma de réalité, le film joue habilement avec ces frontières. Matarrese dit: « C’est plus simple de l’appeler un documentaire, mais la structure narrative et l’intensité dramatique laissent penser à une œuvre de fiction. » Il s’agit d’un projet où le réalisateur a voulu « jouer, faire un grand jeu avec sa famille », en utilisant des personnes réelles – ses cousines et leur entourage – pour créer une mise en scène à la fois authentique et théâtrale.
Une histoire vraie, des performances authentiques
Le film présente une querelle de famille dans un immeuble en Calabre: deux belles-sœurs, cousines de l’auteur, vivent une guerre quotidienne depuis plus de dix ans. Entre plaintes, vengeances et agressions, la tension est palpable. Matarrese confie que tout cela est basé sur une histoire vraie, ce qui donne au film une dimension particulière : « C’est ma famille. » La mise en scène s’inspire d’une dramaturgie grecque, où l’émotion prime sur le déroulement linéaire des événements, renforçant le pouvoir évocateur de chaque scène.
La méthode de tournage : entre préparation et improvisation
Le réalisateur a orchestré cette expérience en collaborant étroitement avec ses proches. Il a écrit un canevas léger, basé sur des témoignages enregistrés de ses cousines, et a organisé des scènes comme des performances théâtrales, notamment lors des repas de Noël. La mise en scène rigoureuse, avec lumières et cadres précis, a permis de filmer dans un style proche de la fiction, tout en capturant des moments de vraie spontanéité. Ce processus, selon Matarresse, a permis aux participants d’être à l’aise dans ce jeu d’impressions, tout en maintenant un regard d’observation distante.
Une œuvre qui questionne l’éthique et la réalité
Le processus de création soulève aussi des questions éthiques: comment convaincre des proches de jouer leur propre vie devant la caméra? Matarrese raconte avoir instauré une relation de confiance, en préparant ses proches et en leur expliquant qu’ils participaient à un « jeu » où la mise en scène pouvait accentuer la violence pour mieux la comprendre ou l’éloigner. Les scènes ont été filmées lors de réunions familiales, avec des alliés dans la famille ,avec un scénario pour certains moments pour capter au plus près la réalité.
Plot
Toutes les familles sont malheureuses à leur manière, surtout celles qui se détestent parce qu'elles sont obligées de vivre les unes sur les autres dans un bâtiment situé dans un village isolé de Calabre, quelques rues accrochées à une colline, connu de tous sous le nom de Il Cozzo. Et dans chaque famille malheureuse, il y en a toujours une qui est plus malheureuse que les autres et qui ne pense qu'à comment se venger de ses ennemis. Comme Luisa Magno, cinquante ans, en guerre contre le monde depuis toujours. Apparemment rebelle aux valeurs traditionnelles, c'est une femme qui jongle entre les petits boulots qu'elle trouve, son amour pour ses enfants et sa petite-fille, et ses querelles avec sa mère, son frère et sa belle-sœur Imma, sa bête noire. Pendant que les deux femmes s'insultent et appellent la police, trois tantes âgées, un chœur tragicomique, tentent en vain de maintenir la paix.