L’actrice Agnès Jaoui, Agathe et Adam Bonitzer nous parlent de “Ma vie ma gueule“, le septième et dernier film de Sophie Fillières, qui a fait l’ouverture de la 56e Quinzaine des Cinéastes.
Agathe Bonitzer sur la mission confiée par sa mère, à son frère Adam et elle, de terminer le film: “Le tournage était très fidèle au scénario, qui était très précis, très écrit, donc on avait une matière formidable pour monter le film (…), et nous avons été guidés par le monteur François Quiqueré, qui a été génial“.
Agnès Jaoui: “Ce scénario est comme un jeu de piste. On peut avoir l’impression au départ que c’est une poésie, mais en fait tout est organique, tout est construit très précisément et tout trouve écho à chaque étape, et ça, c’est très jubilatoire“. “J’ai trouvé le film très beau ainsi que tous les personnages, jusqu’à la plus petite apparition. Je n’arrive même pas à dire le mot figurant tellement il n’y a pas de figurants ici : il n’y a que des êtres humains, en fait, dans ce film.”
Agathe Bonitzer : “C’est vraiment du Sophie Fillières typique : il y a toujours des bonds et rebonds dans son écriture, dans ce film-là comme dans les autres. Je pense qu’elle-même n’est pas consciente de ses propres références, de tous les rebonds… Enfin bien sûr que si, parfois, mais il y en a tellement ! Je commence à voir tellement de résonances entre tous ses films aussi : il y a même des images qu’on retrouve un film à l’autre. C’est vraiment une écriture kaléidoscopique“.
Adam Bonitzer sur la polysémie du cinéma de sa mère : “Il y a une forme d’intransigeance dans son cinéma, qui consiste à ne pas avoir une interprétation, à ne pas donner de réponse mais oser… signifier sans être précis, psychologisant, univoque“.
Sur la crise du personnage central. Adam Bonitzer: “Le film explore un décalage par rapport à soi-même, qui persiste et finalement… je ne sais pas si à la fin, le personnage se rejoint lui-même, mais en tout cas, il dépasse cette problématique, son embarras de…” Agathe : “… son embarras d’exister, son embarras de l’existence, j’ai l’impression qu’elle s’embrasse elle-même“.
“C’est Barbie qui ouvrira cette Quinzaine, puisqu’ainsi surnomme-t-on Barberie, interprétée par Agnès Jaoui dans l’ultime et magnifique film de Sophie Fillières, “Ma vie ma gueule“. La crise de la cinquantaine d’une femme en trois actes – une comédie, une tragédie, une épiphanie – menés tambour battant, avec les ruptures de ton et les dialogues funambules qui ont toujours fait le sel du cinéma de Fillières. La cinéaste nous laisse cet autoportrait aussi exquis qu’intime, auquel Agnès Jaoui prête corps et âme.
Diplômée de la Fémis section réalisation, Sophie Fillières se distingue dès son premier court métrage Des filles et des chiens (Prix Jean-Vigo 1992). Elle écrit et réalise 7 longs métrages, sélectionnés à Berlin, Locarno ou Toronto. Décédée en juillet 2023 peu après le tournage de son dernier film “Ma vie ma gueule“, Sophie Fillières a demandé à ses enfants Agathe et Adam Bonitzer de terminer le film avec ses proches collaborateurs.”
Plot
Barbie, autrefois une mère et une compagne attirante et dévouée, est confrontée à de nouveaux défis maintenant qu'elle a 55 ans. Il tombe dans l'obscurité, la violence et l'absurdité alors qu'il se débat avec son identité, ses relations et les complexités de la vie.